Gérer la colère ... ou l'écouter enfin ?
- remygarrido
- 23 mai
- 4 min de lecture

Une émotion parfois déroutante, toujours légitime
Il vous arrive peut-être de sentir la colère monter. Sans prévenir. Elle vous serre la gorge, vous coupe le souffle, vous envahit. Et puis parfois… elle explose. Ou au contraire, elle se tait, enfouie dans un coin de votre corps ou de votre ventre. Vous ne comprenez pas toujours pourquoi elle est là, ni quoi en faire. Vous avez parfois honte, ou peur de cette force intérieure difficile à canaliser. Et pourtant, la colère est une émotion profondément humaine.
Gérer la colère, ce n’est pas la supprimer. Ce n’est pas non plus "se calmer" à tout prix. C’est l’apprivoiser, la rencontrer, l’écouter. Et peu à peu, découvrir ce qu’elle veut nous dire. Dans cet article, je vous propose un regard empathique, soutenu par l’approche de la Gestalt-thérapie, pour mieux comprendre votre colère et apprendre à l’habiter autrement.
Quand la colère devient envahissante : reconnaître ce que l’on vit
Certaines personnes vivent la colère comme un raz-de-marée. D’un coup, tout déborde. Les mots dépassent la pensée. Les gestes peuvent devenir brusques. Puis vient la culpabilité, ou un profond sentiment de solitude. D’autres, au contraire, refoulent systématiquement leur colère. Elles sourient, gardent la face, mais se rongent de l’intérieur. Jusqu’à ce que le corps parle à sa place : tensions, migraines, fatigue chronique, voire dépression.
La colère peut aussi être liée à une hypersensibilité, ou à une ancienne blessure : un rejet, une trahison, une injustice non digérée. Elle peut être dirigée vers les autres… ou vers soi-même.
Il n’y a pas de "bonne" ou de "mauvaise" manière de ressentir la colère. Il y a votre manière. Celle qui s’est construite au fil de votre histoire. Et il est possible, pas à pas, de lui redonner une juste place.
Sous la colère : ce que nous ne voyons pas toujours
Derrière la colère, il y a souvent une émotion plus douce, plus vulnérable. Une peine. Une peur. Un besoin non reconnu. La colère agit parfois comme un bouclier pour protéger ce qui est trop fragile pour être dit autrement.

Prenons l’exemple de Julie, une femme d’une quarantaine d’années, venue consulter pour des accès de colère envers ses enfants. En thérapie, elle a peu à peu mis au jour une fatigue extrême, une sensation d’étouffement, et un manque de reconnaissance dans son couple. Derrière sa colère, c’était un besoin criant de soutien qui cherchait à s’exprimer.
Ce processus, je l’ai vu chez beaucoup de personnes : une fois la colère accueillie sans jugement, elle révèle des couches plus profondes de notre être. On découvre alors que cette émotion, parfois mal aimée, est en réalité un signal précieux.
Des clés simples pour commencer à mieux gérer la colère
Voici quelques pistes concrètes, accessibles dès aujourd’hui, pour commencer à gérer la colère autrement :
Identifier les signes avant-coureurs : chaleur dans le corps, mâchoires serrées, cœur qui s’accélère… Apprendre à repérer ces signaux permet d’anticiper plutôt que de subir.
Nommer ce que l’on ressent : « Je suis en colère », « je suis frustré », « je suis blessé ». Mettre des mots permet de réguler l’émotion au lieu de l’agir.
Bouger le corps : la colère est une énergie. Marcher, danser, respirer profondément, crier dans un coussin… Ces gestes simples aident à la libérer de façon saine.
Exprimer ses besoins : au lieu d’accuser ou de se taire, apprendre à dire : « J’ai besoin de calme », « J’ai besoin d’être entendu », « Je me sens dépassé ».
Ce ne sont que des débuts. Parfois, cela suffit à apaiser. Parfois non. Et c’est là que la thérapie peut offrir un cadre sécurisant et transformateur.
Gérer la colère avec la Gestalt-thérapie : une rencontre avec soi
En Gestalt-thérapie, la colère n’est pas considérée comme un problème à résoudre, mais comme une expérience à vivre en conscience. Nous explorons comment elle se manifeste dans l’ici et maintenant : dans le corps, dans le langage, dans la relation à l’autre. Cela permet de mieux comprendre ce qui est en jeu, et de redonner du sens à ce qui paraît parfois chaotique.
Par le travail de mise en contact, le thérapeute aide à reconnaître les besoins insatisfaits, les frontières floues, les figures de répétition qui alimentent les explosions ou les refoulements. En séance, l’espace est offert pour expérimenter d’autres façons d’être en lien avec ses émotions.

Par exemple, une personne qui s’est toujours tue peut vivre pour la première fois le droit de dire « non », dans un cadre où cela est accueilli, entendu, respecté. Petit à petit, cette nouvelle expérience se diffuse dans la vie quotidienne.
Ce travail ne se fait pas en un jour. Mais il permet de poser des bases solides pour vivre des relations plus apaisées, plus justes. Avec les autres. Et avec soi-même.
Un chemin vers plus de paix intérieure
Gérer la colère, ce n’est pas chercher à ne plus jamais être en colère. C’est apprendre à l’habiter différemment. À l’écouter sans s’y noyer. À l’exprimer sans blesser. À en faire une alliée plutôt qu’une ennemie.
Il est possible d’aller vers plus de clarté intérieure, de sérénité, de liberté. Cela demande du temps, de la patience, et parfois de l’aide. Mais ce chemin existe. Et vous pouvez le commencer là où vous êtes, avec ce que vous vivez.
Si vous ressentez que votre colère vous échappe, vous enferme ou vous fait souffrir, n’hésitez pas à en parler. Il n’y a pas de honte à demander du soutien. Au contraire. C’est un premier pas vers une meilleure estime de soi.
Et si vous en êtes là, à lire ces lignes… peut-être que ce premier pas, vous l’avez déjà fait.
Rémy GARRIDO
Gestalt praticien
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